Sur l'exposition Points de vue de Joanie Lemercier
au Centre d'art contemporain de la Matmut - Daniel Havis
du 16 décembre 2023 au 24 mars 2024
Joanie Lemercier est à la fois un artiste français et un activiste environnemental, né en 1982. Évoluant d’abord pendant de nombreuses années au sein du collectif AntiVJ[1] qu’il co-fonde avec d’autres artistes en 2006, il fonde son propre studio en 2013, basé à Bruxelles et co-dirigé par Juliette Bibasse qui a participé à la conception de cette exposition. Il travaille principalement avec comme medium deux outils technologiques : la programmation informatique et la vidéoprojection, plus exactement le vidéo-mapping (de la projection de lumière sur tout type de surface).
Si Joanie Lemercier travaille souvent à partir de croquis, l’artiste est connu pour son utilisation de code créatif sur logiciel qui lui servira à des expérimentations sur la lumière via la vidéoprojection. Il utilise également différents types de structure dans le souhait de sortir de l’écran, allant de l’architecture pour le début de son parcours au sein d’AntiVJ jusqu’à plus récemment des éléments organiques comme de la végétation ou encore des particules d’eau. Nous verrons néanmoins dans cette exposition des dessins effectués à la main ou via un traceur, bien que toujours conçus à partir de code. Enfin depuis 2019, le travail de Joanie prend un tournant et intègre des problématiques écologiques et technocritiques.
Explorant et jouant sur la perception visuelle, le point de vue sera également important dans cette exposition pour un certain nombre de travaux, selon la distance plus ou moins proche du spectateur. Le parcours sera aussi divisé en trois étapes. Une première pouvant résumer le parcours de l’artiste, exposant un certain nombre d’éléments visuels de base caractéristiques de son travail. Une seconde qui marque un premier revirement et qui intègre la représentation de paysages naturels. Une troisième enfin qui est également un espace de réflexion et concerne le dialogue entamé par Joanie Lemercier entre l’utilisation de la technologie et son rôle au sein de problématiques posées par l’écologie.
Le travail de Joanie Lemercier part très souvent de structures physiques simples : figures géométriques et formes minimalistes, lignes et grilles, carrés, rectangles ou triangles, souvent pour s’en servir comme pattern. La première œuvre de l’exposition, Edges, fusionne à ce titre une structure architecturale quadrillée avec des formes géométriques de lumière, conçues à partir de code et projetées via un vidéoprojecteur situé en hauteur. C’est une œuvre récente, née en 2020-2021 lors de la première invitation pour une exposition monographique de l’œuvre de l’artiste (avec la volonté de créer une œuvre qui puisse résumer près de dix années de pratique et de réflexion autour de la géométrie dans l’espace).
La vidéoprojection a amené Joanie Lemercier à travailler sur la lumière et sa manipulation dans l’espace, en travaillant à partir de supports souvent tridimensionnels. Au sein d’AntiVJ, celui-ci créait des projections sur des installations pour des performances live et des bâtiments. Cette exploitation de la lumière l’a amené à transcender la surface plane et de jouer sur les reliefs, en explorant là aussi notre perception visuelle. Par exemple, pour certains projets avec AntiVJ, des captations vidéo[1] montrent des parties d’une structure architecturale avancer ou reculer, se briser, apparaitre et disparaitre, donnant l’impression que la structure se transforme (des éléments de la structure par exemple avançant vers le spectateur)[2]. Pour le premier travail exposé dans l'exposition, Edges, l’utilisation de structures physiques simples et du code va avoir pour intérêt de jouer avec notre perception visuelle : les aplats lumineux paraissent devenir des volumes et occuper l’espace délimité par les trois plans de la structure. Point de départ de cette exposition, le travail de Joanie Lemercier nous le verrons sera amené à évoluer afin de représenter, de saisir des paysages naturels qui paraissent échapper a priori à cette rigueur géométrique (et également ce quadrillage[3]), mais où nous retrouverons cette même utilisation de formes minimales et de patterns.
[1] Joanie Lemercier héberge sur son site des vidéos de ses projets (qu’il documente par ailleurs), consultables à l’adresse : https://joanielemercier.com/projects/
[2] L’ambiance, que vient souligner la musique de Thomas Vaquié, fait songer à de la science-fiction, parfois presque distopique, comme si les bâtiments reprenaient le dessus face à des spectateurs demeurant immobiles. Ce sera nous le verrons l’une des influences de Joanie Lemercier.
[3] Ce qui n’est peut-être pas sans rapport avec les voyages de Joanie Lemercier.
Nous arrivons à partir de cette seconde salle à la deuxième étape du parcours de cette exposition. Pour poser le contexte, Joanie a souhaité à la fois s’émanciper des écrans ainsi que des univers immersifs et des lieux d’exposition au sein desquels il avait l’habitude de travailler environ dix ans après le début de sa pratique. Il part alors voyager à travers différents pays, notamment dans l’ouest des Etats-Unis, souvent au cœur d’environnements déserts ou arides. Au fil de ces voyages, il commence à intégrer la question du paysage et à travailler sur la représentation de la nature (essentiellement une nature vierge, sans trace humaine apparente). Le deuxième travail, Montagne, cent quatorze mille polygones (2016-2018), montre une vallée et des pics montagneux. C’est une projection vidéo sur un mur, de plusieurs mètres de largeur. En avançant, nous découvrons que la projection lumineuse n’est que de la lumière qui révèle un papier-peint de couleur noire, composé d’une multitude de triangles de différentes dimensions, dessinant le relief de la vallée. Dans la continuité d’Edges, ces triangles composent en fait un pattern, un maillage de grille distendu par un algorithme. L’œuvre que nous pouvons voir ici étant a priori beaucoup plus complexe que la précédente, nous retrouvons pourtant le même dispositif : une grille sur laquelle est projetée de la lumière. La vidéoprojection viendra donner l’illusion d’une profondeur, répartissant les ombres et la lumière sur la surface peinte, et créer une temporalité (le jour, de la neige tombent). Enfin, le code utilisé ici par Joanie est un noise, une formule mathématique de quelques lignes qui créé une texture. Cette formule a notamment été utilisée dans beaucoup de films où il y a du CGI, des effets spéciaux, et dans le jeu vidéo. C’est une formule qui peut servir à créer aussi bien des bulles, des paysages que la surface de l’eau. Joanie Lemercier évoquera le fait de pouvoir recréer des univers entiers à partir de ces simples lignes de code, en questionnant en passant la possibilité que nos univers et nos systèmes soient régis par des formules secrètes[1]. Là aussi un lien peut être établi sur ce point avec l’utilisation de grilles et de patterns comme nous l’avons évoqué, dans le but de concevoir des paysages non plus seulement beaucoup plus complexes mais qui semblent échapper à cette exploitation géométrique et mathématique (il n’y a d’ailleurs aucune présence humaine).
Un peu plus loin nous arrivons devant une série sérigraphique de trois images, Point Clouds, Turmoil (1,2,4)(2016), représentant des nuages, vraisemblablement une tempête. Comme l’hyperréalisme de Montagne, nous avons d’abord l’impression d’être devant des prises de vue photographiques ; en s’approchant nous remarquons que c’est en fait encore un maillage, cette fois de petits points blancs sur un fond noir. D’une grille, nous passons cette fois dans l’unité la plus simple et la plus petite. Joanie Lemercier est parti de photographies de nuages pour les transformer en nuages de points sur ordinateur, un procédé informatique permettant de simuler une image ou une scène en trois dimensions, via la répartition d’une multitude de points dans l’espace. L’image sera ensuite retravaillée à l’encre, à la main par un artisan sérigraphe.
Joanie Lemercier a pu évoquer ici l’influence picturale du pointillisme, également du travail d’artistes de la période romantique : Gustave Doré, William Turner, enfin de la notion du Sublime, notamment théorisée par Emmanuel Kant puis explorée par les peintres romantiques. Dans Critique de la faculté de juger, Kant proposait la distinction entre le Beau et le Sublime, le premier définissant une sensation d’harmonie devant un objet sensible et préhensible, ou encore un décor relativement délimité, le second un moment à la fois d’effroi et de contemplation devant l’immensité d’un plan visuel (un paysage par exemple) qui dépasse la mesure des sens, nous ouvrant soit à l’expérience d’une grandeur infinie, par exemple la contemplation d’un ciel étoilé (le Sublime mathématique), soit à des forces qui dépassent notre maitrise, par exemple une tempête maritime (le Sublime dynamique). Il y aurait donc à la fois un rapport soit à l’infini, soit au chaos, mais aussi un effroi mêlé de contemplation qui distinguent à ce titre le Sublime du Beau chez Kant, que l’on retrouvera chez des peintres comme Turner et Caspar David Friedrich qui sera aussi évoqué. Joanie Lemercier a enfin pu évoquer l’influence depuis les débuts de son travail de certains imaginaires proposés par la Science-Fiction, en particulier d’imaginaires distopiques (faisant par exemple référence à Mad Max).
Du point de vue de ces influences, là encore l’utilisation de structures simples comme la grille, de figures préhensibles et de patterns géométriques nous semble intéressante ; il s’agirait peut-être d’un côté de structurer et de donner forme, de capter des forces ne serait-ce que naturelles (comme ici avec Point Clouds mais déjà avec certains projets au sein d’AntiVJ), d’un autre de saisir, presque cartographier un espace infini et dont la structure extrêmement complexe (ne serait-ce que géométriquement) semble nous glisser des mains (par exemple avec Montagne).
[1] Propos recueillis de Joanie Lemercier lors de la conférence de presse organisée par la Matmut pour les Arts - Daniel Havis le 15 décembre 2023, qui précède l'ouverture de l'exposition. Nous ferons plusieurs fois référence aux propos de Joanie Lemercier prononcés lors de cette conférence.
Dans la dernière salle concernant cette seconde partie de l’exposition, Paysages Possibles (2018) est un traceur dessinant des paysages montagneux sur des feuilles blanches, de dimensions environ format A1. Après avoir dessiné depuis de nombreuses années des paysages complexes et des patterns géométriques, Joanie Lemercier commence alors à utiliser des machines à dessiner, inspiré par l’artiste Vera Molnár (une collaboration a eu lieu en 2023 entre les deux artistes[1]). Nous sommes ici témoin du processus de réalisation : pour chaque jour d’exposition, un dessin est effectué avant de passer au suivant (entre 4h30 et 8h), tandis que certains seront accrochés au mur, d’autres rangés sous le plateau de la table sur lequel se trouve le robot. Sur le mur adjacent se trouvent quelques essais réalisés précédemment par Joanie Lemercier. Les paysages sont toujours conçus à partir d’un code relativement simple, la machine étant reliée à un raspberry, un petit ordinateur situé sur l’un des côtés de la table. Nous retrouvons l’usage de la grille, à partir de laquelle Joanie Lemercier va déplacer les points sur certains axes pour créer des reliefs, mais aussi le même rendu réaliste (selon la distance nous avons du mal à nous rendre compte que ce ne sont que des lignes qui se croisent) et les reliefs montagneux. Les dessins seront comme de multiples prises de vue d’un même lieu, des captations et des variations à partir de quelques lignes de code et d’une même structure. Joanie Lemercier va également se servir des erreurs de la machine, des glitchs, pour les intégrer dans son propre travail ; de temps à autre le stylo au bout du bras articulé se trouve par exemple trop éloigné de la feuille, ce qui donnera lieu à des sortes de trou. Juliette Bibasse, présente lors de la conférence de presse, évoquera ces moments imprévus comme partie intégrante du processus de travail, pouvant donner lieu à de nouvelles idées. L’important ne serait pas seulement que la machine obéisse à un programme préétabli mais, de par ces imprévus, de pouvoir ouvrir un dialogue entre la technologie et l’artiste.
[1] Carré Magique d’un trait lumineux, 2023. Pour une documentation de cette œuvre : https://joanielemercier.com/compositions-lumineuses/
Nous arrivons au sous-sol à la troisième et dernière étape du parcours de cette exposition, concernant le travail de Joanie Lemercier à partir de 2019 et le dialogue qu’il poursuit entre son travail, le rôle de la technologie et des problématiques écologiques. Sur notre droite se trouve une installation audiovisuelle de vingt-six minutes, Slow Violence (depuis 2019), qui nous immerge au sein de la mine d’Hambach, la plus grande mine de charbon d’Europe, situé en Allemagne, près de la frontière de la Belgique, à environ 170 km de Bruxelles. En 2019, Joanie Lemercier, après avoir entendu parler de cette mine, décide de se rendre sur place et découvre un paysage qui restera aujourd’hui pour lui sans mesure. Il se retrouve devant la mine, un puit de terre et de sable de plusieurs kilomètres de diamètre, creusant à moins 400 mètres du niveau du sol, au sein duquel travaillent nuit et jour des excavatrices, ici les plus grandes machines construites à ce jour, de 200 mètres de long sur 100 de haut.
Joanie Lemercier parlera à plusieurs reprises de cette expérience en la définissant comme une fracture ontologique, d’une vision du monde qui s’est écroulée. Nous avons vu que Joanie Lemercier avait été marqué par la notion de Sublime et qu’il s’était construit avec certains imaginaires distopiques proposés par la Science-Fiction. Il évoquera en effet ici l’impression que ces imaginaires soient devenus réalité, comme un bouleversement de paradigme, à la fois social et esthétique. Nous pourrions aussi, au regard de ces influences, évoquer la notion de Sublime technologique[1]. Le Sublime en effet se rapporte à un choc, un bouleversement ; de même, l’immensité de la mine qui semble belle et bien sans limite selon le point de vue du spectateur, l’intensité des forces en présence (ne serait-ce que vis-à-vis de la destruction environnementale ou même patrimoniale), enfin le rôle problématique des technologies.
L’impact environnemental de la mine vient également du fait que l’exploitation minière est à la source d’une déforestation massive, et donc de la destruction d’un écosystème. En effet, se trouve au même endroit la forêt d’Hambach, une forêt vieille de 12 000 ans, l’une des plus vieilles d’Europe, qui a été rasée à 90 % dû à l’agrandissement de la mine. Les prises de vue pour Slow Violence ont été prises pour beaucoup à la frontière des deux zones. Des villages ont et sont également détruits, des habitants délogés. Le site est le lieu de contestations et de blocages par des groupes activistes et des associations que Joanie Lemercier accompagne. L’artiste a également réalisé des recherches, notamment sur le financement de la mine, sur l’implication de figures politiques, sur les dépendances économiques de certaines communes (des villes dépendent des bénéfices de l’exploitation, des maires sont actionnaires). C’est un ensemble de ces problématiques qui est relayé ici.
Nous verrons aussi dans cette vidéo des prises de vue de l’autre côté, de la forêt d’Hambach, où une partie de la végétation est filmée, sur laquelle est projetée des rayons lumineux. Joanie Lemercier a continué en effet des projections sur d’autres supports, notamment des graminées, que nous retrouverons un peu plus loin dans le couloir avec l’œuvre Prairie (2022). L’intervention est ici très sobre : c’est un carré de graminées d’à peu près 2m², plantées dans du sable et sur lesquelles vient se poser des balayages de ligne de lumière. Pour cette proposition, Joanie Lemercier s’est notamment inspiré du travail de Gilles Clément qui a inventé la notion de « tiers paysage », se définissant comme étant les détails de la nature qui n’est pas touchée par l’homme, par exemple des friches mais aussi des fleurs sauvages en ville, etc. L’utilisation du laser, plus efficient, a également remplacé celle du vidéoprojecteur.
[1] « Si le concept de sublime a été employé par le passé pour exprimer l’impuissance ressentie par l’homme dans ses tentatives de représentation de la Nature, la condition postmoderne – d’où la Nature même a été évincée – a donné lieu à une notion du sublime au sein de laquelle les êtres humains se retrouvent confrontés à leurs propres créations. » Dale Chapman, cité par Jos de Mul, Le sublime (bio)technologique, in Diogène 2011/1-2 (numéro 233-234), page 45
Voir également l’article : Au Havre, Joanie Lemercier explore le Sublime technologique, accessible à l’adresse : https://usbeketrica.com/fr/article/au-havre-joanie-lemercier-explore-le-sublime-technologique
De l’autre côté du couloir se trouve disposé sur la longueur du mur (environ 17 m) un dernier travail, Futurs désirables, toujours en cours et qui vient clore l’exposition en proposant des ouvertures, des pistes de réflexions sur la place de la technologie au regard des problématiques soulevées par l’écologie et la défense de l’environnement. Nous découvrons des expérimentations, sur la lumière : tout à gauche Joanie Lemercier se sert du soleil comme projecteur lumineux, sur des supports aussi : vers la droite l’artiste créé un écran constitué de particules d’eau projetées à l’aide d’un brumisateur. Il y a également des essais et des recherches sur l’empreinte carbone du studio au sein duquel travaillent Joanie Lemercier et Juliette Bibasse. Ces expérimentations s’inscrivent dans la continuité de ce dialogue entre technologie et écologie, mais sont aussi, dans le même mouvement, d’ordre artistiques en s’inscrivant dans l’ensemble du travail de Joanie Lemercier (comme le bouleversement évoqué par Joanie Lemercier face à la mine, la représentation de la nature, qui était en partie d’ordre imaginaire, se déplace vers des moyens d’action et des expérimentations concrètes). Les particules d’eau par exemple permettent au spectateur une immersion nouvelle[1], créant par exemple la possibilité de traverser l’écran. L’utilisation de la lumière du soleil créée de nouveaux processus de travail. Les lasers basse consommation permettent des projections ponctuelles et des interventions furtives et à longue distance dans l’espace public. Avec cette dernière étape, la technologie permet pour Joanie Lemercier et Juliette Bibasse, en appui d’une réflexion d’ordre écologique, de créer d’autres imaginaires, le travail de Joanie Lemercier se déplaçant vers de nouveaux paradigmes que Felix Guattari appelait éthico-esthétiques.
Pour finir, je voudrais évoquer quelques mots de Juliette Bibasse qui souhaitait conclure la visite de presse organisée à la Matmut dans le cadre de cette exposition. Elle y parlait du rôle de l’artiste, ici au regard de ce dialogue avec l’activisme et l’écologie. Pour prendre l’exemple de la technologie, il n’y aurait pour elle pas deux lignes divergentes entre plus de technologie ou un renoncement complet à celle-ci mais une multitude qui reste à créer. Ici peut-être pour souligner que le rôle de l’artiste n’est pas de se plier à des possibilités offertes ou préexistantes, que l’on se propose et que l’on nous propose consciemment ou inconsciemment, les possibilités n’étant peut-être que du réel déjà là, des voies déjà tracées, des images préfabriquées qui structurent quelque part nos imaginaires (Juliette Bibasse évoquait l’image d’une souris qui fait du vélo par l’assemblage d’images tirées de deux dessins animés). L’artiste ici ne se plie pas à du possible mais créer du réel qui deviendra peut-être par la suite du possible, un nouveau possible. Naturellement nos imaginaires ont tendance à balancer entre une option et une autre qui existent déjà, ou une voie et une autre déjà tracées par d’autres avant nous, c’est peut-être comme cela que cela fonctionne, mais le rôle de l’artiste est toujours de créer au-delà de ces possibles quelque chose qui n’existe pas encore, de nous proposer qu’il peut exister effectivement une infinité de voies qu’il reste encore à inventer.